Histoire des origines à la Révolution
Deux origines sont possibles :
- nom propre gaulois CAMULUS + suffixe pré-celtique en osc (la plus probable)
- dérivé de la racine prélatine CAMB (idée de mauvais terrain, puis idée de courbe)
Puis les appellations ont évolué au fils des siècles : Cambloscum en 850, Canlost en 1141 et 1157, Chanlo en 1182 et 1231, Chamlost en 1397 et Champlost en 1453.
CHAMPLOST est un village construit le long de deux voies parallèles. L’une fort ancienne et sinueuse est l’ancienne route de Paris, l’autre est la rue principale construite à partir de la fin de la Monarchie de Juillet et au début du Second Empire dans l’ancien parc du château. C’est aujourd’hui la départementale 905.
L’histoire du village remonte à environ 70 000 ans quand les chasseurs néandertaliens ont installé leur campement dans la plaine de Boudernault laissant de nombreux vestiges lithiques et osseux. Les fouilles de Catherine FARIZY chargée de recherche au CRNS dans les années 1990 ont fait de Champlost un des 60 grands sites européens en plein air du Paléolithique Moyen.
Du Néolithique (4000 à 3000 ans avant J. C.) à la fin de l’empire Romain, l’occupation humaine s’est essentiellement localisée dans les fonds de vallées aux sols plus légers, se sont alors succédés :
- des villages d’agriculteurs sédentaires du Néolithique et du bronze ancien,
- des fermes indigènes d’époque gauloise en liaison avec l’oppidum d’Avrolles,
- des villae gallo-romaines avec leurs bâtiments agricoles et artisanaux et leurs petits temples ruraux. Bon nombre se sont fixés à proximité de la voie d’Alise à Sens (jadis appelée « route de la Reine Gilet »). Cette voie, depuis « Maison-Rouge » (toponyme désignant une ancienne auberge), se dirigeait vers Arces et Vaudupuits et le dessus de Prunelles.
C’est sans doute au début du Moyen-âge que l’habitat va se fixer à l’emplacement du village actuel comme l’atteste la présence d’une nécropole mérovingienne et d’une vaste motte féodale entourée de fossés alimentés par les eaux vives des ruisseaux ; Les seigneurs de Champlost y édifieront leur château et protègeront, autant que faire ce peut, les populations voisines. Ils ne pourront pas toutefois empêcher après la prise du château par les Anglais, la mise à sac de leur village et la destruction du château et de ses dépendances (ferme, four, moulin, pressoir, colombier, forge…) comme l’atteste un dénombrement de 1455 qui note que les habitants « s’en sont alez hors du pays et scet l’ouon »
Jusqu’au XIIIème siècle, la seigneurie de Champlost relevait du comté de Champagne. Ce n’est que sous Philippe Le Bel, qu’elle fut incorporée au domaine royal.
Au XVIème siècle, la vieille place forte féodale fera place à un élégant château Renaissance dont nous ne connaissons, hélas, que quelques rares plans au sol, des descriptions à partir d’inventaires dressés après décès et une lithographie de Victor Petit représentant une tour en ruine, un pont et deux pilastres ioniques. De nos jours, il ne reste plus que deux ponts en pierre (dont un en mauvais état) conduisant à la motte encore en partie entourée des ancienne douves, deux chapiteaux ioniques remontés à l’envers, des communs plus tardif et quelques granges à l’emplacement du four et du pressoir banal.
Après bien des vicissitudes, le château entièrement meublé a été vendu en 1831. Avec les jardins et les fossés. Le parc quant à lui a été vendu séparément. A partir de cette date, le château a été démonté et a servi de carrière aux habitants de la commune. Il ne reste plus de ce superbe édifice que quelques belles plaques de cheminées chez des particuliers rappelant les splendeurs d’antan.
A la veille de la Révolution, la paroisse dépendait du bailliage de Troyes et du grenier à sel de Saint Florentin. Son Seigneur était Jean-Marie QUANTIN, Baron de Champlost, premier valet de la Chambre du Roi.
L’église
Elle est dédiée à St Vincent, patron des vignerons, elle date du XVIème et nous rappelle que la paroisse était autrefois un pays vignoble (il restait encore 100 ha de vignes en 1850).
Le chœur, la croisée du transfert, la nef et ses contreforts, les verrières ont été restaurés à la fin du XIXème. Les derniers vitraux Renaissance ont alors été déposés. L’abbé GERARD, curé de la paroisse a pris intégralement à sa charge les travaux qui ont duré de 1895 à 1901.
Les chapelles seigneuriales ont été transformées en sacristies, l’une d’elle conserve encore ses voutes du XVIème, ses boiseries du XVIIIe et une baie Renaissance avec en écusson une tête d’ange. Dans les combles, à certains endroits, on retrouve quelques traces du plafond XVIème à la Française.
La nef est à trois travées, avec deux chapelles latérales dans le bras du transept.
On peut noter :
- à l’extérieur, un clocher porche du XVIIIème avec au-dessus du portail d’entrée une inscription d’époque révolutionnaire qui a été martelée « Le peuple français reconnait l’existence de l’Etre suprême et de l’immortalité de l’âme ».
- A l’intérieur, plusieurs tableaux sur toiles, dont une adoration des Bergers et une Annonciation (sur le rétable de la chapelle seigneuriale) ainsi qu’un St Vincent début XIXème.
- Les dosserets « patinés » de la nef datent sans doute de la fin XVème.
- Sur un des piliers, à l’angle Nord de la nef et du bras du transept, on peut remarquer les armoiries de la famille QUANTIN, Seigneur de Champlost depuis 1 700.
- Quelques statues dont un St Jean Baptiste et un St Mammés de chaque coté de la grille d’entrée.
- Un ensemble de verrières homogène signé VERMONET (Reims 1898-1901)
La chapelle Vachy
Dédié à la Sainte Vierge, elle date du milieu XIXème siècle. Elle a fait place à une ancienne chapelle édifié en 1777.
Patrimoine
Dans les hameaux, on remarque des petites fermes et des maisons d’habitation du XIXe en pierre et briques. A Vachy, une chapelle du XIXème (1855) a été construite à l’emplacement d’une ancienne chapelle de secours. Au « Bas Boudernault », il faut signaler, prés du lavoir du XIXème siècle, une ancienne maison forte dont il ne reste plus que le pont et une partie des anciens fossés qui entouraient une très grande motte rectangulaire.
Légendes et traditions orales
Il existait autrefois en bas de la côte du Montelard, un hameau appelé « Les Boulées » (en 1811, il y avait encore 7 maisons et 5 habitants en 1855). D’après la tradition orale, il aurait été emporté part un glissement de terrain à la suite d’un violent orage ans la deuxième moitié du XIXème siècle.
Une autre tradition rapporte qu’à la fin du IXème siècle, les Normands chassées du Royaume de Bourgogne vinrent établir leur camp prés d’un village dénommé depuis Champlost, c’est-à-dire Champ de l’Ost : Champs de l’armée. Cette légende est toujours vivace et dans le blason de la commune ont été rajoutés des oriflammes rappelant ce soi-disant et glorieux épisode…
Personnages ayant marqués l’histoire de notre village
Les seigneurs de Champlost
Cette présentation n’est que provisoire, elle sera finalisée le 4 avril 2014 lors de la conférence qui se tiendra en salle des associations.
Jusqu’au milieu du XVème siècle, l’état des seigneurs de Champlost reste très lacunaire.
- fin XIIème, des chartes mentionnent comme seigneurs les de CANLOT ou de CHANLO,
- dans la deuxième moitié du XIVème, on trouve la famille de GUERCHY,
- dans la première du XVème, la seigneurie appartient aux CHANTEPRIME et c’est une Denise de CHANTEPRIME qui apportera en dot, le domaine à Michel PIEDEFER, vers 1470,
- Michel, Pierre, Antoine, Pierre, François et Louis-Hilaire PIEDEFER se succéderont, comme seigneurs de Champlost et du Bois de la Raye jusqu’en 1663, soit pendant près de 2 siècles,
- en 1664, la seigneurie passera dans les mains de la famille CAILLET puis, par mariage aux de BATELIER,
- en 1700, la seigneurie de Champlost sera acquise par le baron Jean QUENTIN (anobli en 1693). La famille QUENTIN, par Jean, Marie-Louis et Jean-Marie conservera la seigneurie jusqu’à la Révolution. Les QUENTIN, à Versailles, ont exercé la fonction de premier valet de chambre du Roi sous Louis XIV, Louis XV et Louis XVI.
En 1797, les descendants du ci-devant seigneur de Champlost vendront le domaine à la famille d’AUTEUIL.
En 1830, le Comte d’ AUTEUIL vendra, à son tour, le château, la ferme, les communs et les terres.
Des ecclésiastiques
L’abbé Georges PIERRE (1726/1797)
Natif de Rigny-le-Ferron, il a été curé de la paroisse de 1762 à 1797. C’est un érudit. Esprit éclairé, ouvert à toutes les sciences de l’époque, il est tout à la fois géographe, historien et archéologue. Ses travaux ont été relatés en partie dans l’ Almanach de Sens de 1783. Après avoir pendant des années étudié les voies romaines passant par Avrolles et Champlost, il a entrepris des fouilles importantes et en a déduit qu’ Avrolles était bien l’ancienne EUBUROBRIGA de la Table de PEUTINGER (première carte connue du monde romain datant de la deuxième moitié du IIIème siècle après J. C.). Les plus éminents géographes de l’époque ont rendu un hommage appuyé à ses travaux. Ses thèses ont été confirmées au XIXème siècle par des historiens ou archéologues tels Max Quantin et Charles Moiset et au XXème, par Alain Duval.
L’abbé PIERRE, après avoir prêté serment à la Constitution Civile du clergé, se rétracta. Considéré comme prêtre réfractaire, il est arrêté sous le Directoire. Vu son état de santé, il n’est pas déporté mais incarcéré à la prison de Dijon où il meurt en novembre 1797.
L’abbé Michel SOUDAIS (1753/1843)
Michel SOUDAIS est natif de Champlost. D’une famille nombreuse, son père était jardinier au château, il est très vite remarqué par le curé PIERRE et son vicaire qui prennent son éducation en main et le font entrer au séminaire.
Ordonné prêtre en 1777, il revient à Champlost en 1785, comme vicaire. En 1791, il est nommé curé de Beugnon. Prêtre réfractaire, il est arrêté en octobre 1793 sous la Convention Montagnarde.
Jugé en avril 1794, il est condamné à la déportation d’abord sur les pontons de Rochefort, puis à l’île Madame. Infirmier, il prodigue sans relâche ses soins aux malades et donne l’extrême-onction aux mourants. Libéré en 1795, il exerce de nouveau son ministère à Beugnon. Après le coup d’état de Fructidor An V (septembre 1797), lors de la deuxième vague de déchristianisation, il est de nouveau déclaré prêtre réfractaire. Il s’en suit une traque de près d’une année, il trouve refuge à Dilo, aux Longueraies, à Mercy puis à Rigny-le-Ferron, où il est arrêté en juillet 1798. Déporté à la citadelle de l’île de Ré, il s’en échappe en juillet 1799. La paix religieuse revenue avec le Concordat, il reprend ses fonctions ecclésiastiques à Beugnon en 1803. Il restera curé de cette paroisse jusqu’à sa mort en 1843 en refusant tout autre ministère.
L’abbé SOUDAIS, confesseur de la Foi, est sans conteste une des personnalités les plus marquantes du clergé icaunais de la fin du XVIIIème et du début du XIXème siècles. Son influence a été importante tant auprès des populations locales, qu’auprès des autorités ecclésiastiques de l’ Yonne et de l’ Aube, qui l’ont souvent consulté.
Michel SOUDAIS est à l’origine de la création de l’école des sœurs de la Providence de Champlost en 1819. Cette école qui perdurera jusqu’en 1903 a été la première fondée dans notre département. L’abbé SOUDAIS a assisté le 16 juin 1825, à la fonte des cloches, sur la place publique et, le 25 juin, à leur bénédiction. Une des cloches, la plus petite, a été nommée Béate en l’honneur d’une de ses sœurs. Le parrain en est l’abbé et la marraine, son autre sœur : Marie.
L’abbé GERARD (21/12/1844 – 03/051910)
Il est ordonné prêtre en mai 1869 après avoir été vicaire à Noyers puis curé de Val de Mercy il a la charge de la paroisse de Champlost en janvier 1876. De 1895 à 1901, il rénove et transforme sur ses fonds propres l’église de Champlost qui sera inaugurée par Monseigneur ARDIN en 1901.
En 1905, il s’oppose à la Loi de Séparation de l’Eglise et de l’Etat. Avec le curé de Vachy, il va soustraire à l’inventaire les objets du culte les plus précieux et va même peindre en blanc les statues de Saint Mammès et de Saint Jean-Baptiste pour faire croire qu’elle sont en plâtre. Depuis, rien n’a changé : l’église est toujours celle qu’il a conçue avec les même bancs, la même chaire, le mêmes chemin de croix, les mêmes verrières et les deux statues toujours peintes en blanc… Le 23 avril 1905, il est nommé chanoine titulaire à Sens.
L’abbé Germain TRIDON (1813-1864)
Ordonné prêtre en 1836, il a été nommé vicaire à Champlost , sur recommandation de son oncle, l’abbé MATHIEU, avec le titre de curé de Bligny, paroisse qu’il n’a pourtant jamais desservie. L’abbé TRIDON, en fait, a exercé son ministère à Mercy et à Champlost et une fois ou deux à Vachy. Pendant des années, avec les habitants de ce hameau et de celui de Prunelles, il a lutté sans relâche pour que Vachy devienne une succursale à part entière avec une chapelle, un presbytère et un cimetière. Il a obtenu satisfaction, puisque Vachy a été érigé en succursale en mars 1843, le presbytère construit en 1840, le cimetière en 1850 et la chapelle en 1855. L’abbé TRIDON devint le premier curé de Vachy en octobre 1843 et il exerça son ministère dans cette paroisse jusqu’au 1er août 1860, date à laquelle il fut nommé curé de Druyes-les-Belles-Fontaines. Il n’est sans doute pas étranger à la pétition déposée par les habitants de Vachy pour que le hameau devienne une commune indépendante car c’était l’aboutissement logique d’un combat qu’il avait mené pendant près d’un quart de siècle.
Un instituteur
Augustin PARIS (1789-1861)
Natif de Venizy, il est le fils du recteur d’école de cette paroisse. C’est le premier instituteur de Champlost que nous connaissons. Nommé en 1818, il fait fonction également de receveur buraliste, de secrétaire de mairie et de géomètre arpenteur. On lui doit différents plans de Champlost, dont un du village avec l’emplacement de toutes les croix de rogation (collection privée), ainsi qu’une copie d’un grande plan de la paroisse de Venizy avant 1789 (mairie de Venizy).
En 1838, Augustin PARIS démissionne pour raison de santé et devient conseiller municipal jusqu’à sa mort en 1861 avec un intermède dès 1848 à 1852 sous la seconde République, où il a été évincé du conseil. C’est un contemporain de l’abbé SOUDAIS et ils se sont rencontrés à de nombreuses reprises.
Le 1er Maire républicain de Champlost
Claude DARNAY (28/10/1813-27/10/1868)
Aubergiste à Champlost, Claude DARNAY est un républicain de première heure. Son auberge est le lieu de rencontre des opposants à la Monarchie de Juillet et au roi Louis Philippe.
Après la révolution de février de 1848, Claude DARNAY et ses amis mettent en place un conseil municipal de transition. Il en prend bien évidemment la tête. L’instauration du suffrage universel masculin et les premières élections libres le maintienne à ce poste et il devient ainsi le premier et le seul Maire de la IIème République. Après le coup d’état du 2 décembre du Prince Président Louis Napoléon Bonaparte, c’en est fait de la IIème République et du premier conseil municipal républicain de Champlost. Le sous préfet de Joigny dissout le conseil municipal « dans l’intérêt d’une bonne administration communale […] car il est mal composé, la plus grande partie des membres professant des opinions politiques fort avancées » un nouveau maire est nommé ainsi que de nouveaux conseillers municipaux. C’est aussi le retour d’Augustin Paris comme Adjoint.
Les ennuis commencent pour Claude DARNAY qui est étroitement surveillé par la police et dont l’auberge est fermée quelque temps. Elle ne sera réouverte qu’après une décision préfectorale.
A cette première municipalité républicaine, nous devons notamment le cimetière de Vachy, le lavoir d’en haut, et celui de Boudernault.
Des fait divers
Le retour d’Etienne RUFFIER.
Etienne RUFFIER est né à Boudernault le 21 mars 1791. Soldat de la Grande Armée, il est fait prisonnier en 1813 lors de la campagne de Russie. Il arrive à s’évader à une date que nous ne connaissons pas et revient à Boudernault en 1838 où il retrouve sa femme et ses deux enfants. Durant ces 25 ans d’absence, son épouse a accouché de huit enfants naturels de père inconnu. Le dernier étant né en 1835. Il ne les reconnaitra pas. Il meurt à Boudernault en 1844.
Une source miraculeuse…
Champlost possédait des sources réputées pour guérir les dartres. Elles étaient gérées par le Dr NIEL médecin du Roi et intendant des eaux minérales de Champlost.
Une révolte anti-républicaine à Champlost en 1792
La municipalité du canton de Venizy dénonce le 29 Vendémiaire an VII (20 octobre 1799) à l’administration du département les agissements du « ci-devant curé PIERRE qui a tellement su fanatiser le peuple crédule que dès 1792, 300 personnes se sont levées en masse et ont assassiné 3 citoyens qui avait chanté un hymne à la Liberté ». Suite à cette dénonciation, le curé PIERRE est arrêté puis emprisonné.
4 Foires
Avant 1789, quatre foires annuelle se tenaient dans la paroisse le 23 janvier, le 4 mai, le 30 août et le 29 novembre. Ces foires avaient été créées par des lettres patentes de Louis XIV, données à Fontainebleau au mois de juin 1664 et enregistrées au Parlement le 14 août suivant.
Ces foires ont périclité apparemment dès le XVIIIème siècle et on en trouve plus trace dans les enquêtes réalisées au début de la Révolution dans les cantons de Brienon et Venizy, concernant les jours de foires et de marchés. (Source : Archives départementales Yonne 8M84.)
Cet historique a été rédigé par la commission de l’information en partenariat avec la SAHVCB (Société Archéologique et Historique du Créanton et de la Brumance).